Chaque mois, lors des Freelance Meetup de crème de la crème, des experts décortiquent des sujets liés au freelancing.

Ces Freelance Meetup mensuels s’intègrent dans la vie de la communauté, en permettant aux membres d’élargir leur réseau et de creuser des sujets qui touchent à leur quotidien de freelance.

Lors de l’édition de septembre, c’était la question de l’argent et de l’investissement qui avait fait se déplacer plus de 100 freelances !

Ce mois-ci, ce sont Philippe Bizet et Adrien Costemale, deux conseillers en investissement et gestion de patrimoine, qui étaient les invités du Freelance Meetup #14.

La France, bonnet d’âne de l’éducation financière

En France nous ne sommes pas accompagnés par le système scolaire sur les sujets de gestion de son patrimoine.

En cause, notre modèle d’État Providence, ou all-inclusive diront les digital native, via lequel on est aidé en cas de maladie, de chômage et de vieillesse. 

Seulement ce modèle est en crise, et il devient important de réfléchir à ses propres solutions pour anticiper et se bâtir une retraite digne de ce nom.

En tant que freelance l’intérêt est encore plus fort, les cotisations étant plus faibles qu’en tant que salarié.

De plus, on est peu accompagnés dans la gestion de son patrimoine en freelance,. C’est un sujet souvent réservé aux initiés en France et généralement tabou en dehors des rendez-vous que l’on peu avoir avec son conseiller bancaire.

L’avènement des néo-banques a peut être ce seul inconvénient qu’elles nous laissent seul face à notre argent au moment de prendre des décisions d’investissement plus long-terme.

S’intéresser, ne pas attendre, et entamer des démarches, voilà les objectifs qu’avait ce Freelance Meetup qui a tenu toutes ses promesses.

Adrien Costemale lors du Freelance Meetup de septembre chez Qonto

Commencer le plus tôt possible

Parler de retraite aujourd’hui, et quand on a la trentaine c’est souvent entendre que de toute façon on n’aura pas de retraite et qu’on est encore trop jeune pour y penser ! Erreur…

Le modèle de retraite français est en train de se dégrader, on y accède plus tard et le delta entre ses revenus en actif et à la retraite se creuse sans cesse ! En moyenne c’est seulement 35% de ses revenus auxquels on peut espérer à la retraite pour un cadre supérieur. 

C’est pour cette raison qu’il faut s’y intéresser maintenant et se constituer une retraite supplémentaire ! Une bonne retraite, d’après Philippe Bizet (l’un des 2 speakers), c’est un tabouret à trois pieds : rente (retraites obligatoires et facultatifs), immobilier et épargne. Si un pied est trop court ou absent, pas besoin de vous faire un dessin…

Si il y a bien une seule et unique chose à retenir de ce Freelance Meetup, c’est qu’il faut commencer cette réflexion et ce projet le plus tôt possible et ne pas avoir peur de piloter des petites sommes tant que les versements sont réguliers. 

La preuve par les chiffres : si une personne décide à 20 ans de placer chaque mois 100€ jusqu’à ses 65 ans, il faudra pour une autre personne de 30 ans placer 285€ chaque mois pour atteindre le même niveau de patrimoine à 65 ans.

Et pour une personne de 40 ans, c’est 730€ qu’elle devra mettre chaque mois pour arriver à la même somme à 65 ans !

C’est ce que Adrien Costemale appelle “le coût de la remise à plus tard” (pour Philippe BIZET, c’est le coût de l’attente).

Pourquoi ce phénomène ? C’est la logique des intérêts composés.

Exemple avec 100€ à 10% de rentabilité :
Après 1 an, la somme 100 est augmenté de 10% donc de 10€.
Mais après 2 ans, ce sont 110€ qui sont augmentés de 10% donc la plus value passe de 10€ à 11€.
Après 3 ans, on a donc 121€, les 10% deviennent donc 12,1€. Et ainsi de suite !

Comprendre la relation risque/rendement

La première chose à comprendre est la relation risque/rendement. Plus on souhaite un rendement élevé plus on devra s’exposer aux risques. et vice versa. 

Il n’existe pas de placement miracle ! 

Aujourd’hui les placements les plus rentables sont les crypto qui sont aussi des placements ultra-risqués qu’on peut apparenter au casino tant la volatilité est forte. 

L’aversion au risque est propre à chacun. Si le but du jeu reste d’avoir toutes les cartes en main pour pouvoir décider, il faut bien se rappeler qu’il est très compliqué d’anticiper des taux de rentabilité fiables pour les investissements les plus risqués. C’est la fameuse mention “Les performances passées ne garantissent pas les rendements futurs” présentée sur tous les sites de solutions de placement.

Il faut également rappeler qu’à ce jour, les taux d’emprunt d’Etat et des plus grandes entreprises sont négatifs. Cela revient à dire que si l’on veut sécuriser à 100% son épargne, il faut accepter de payer et d’avoir une rentabilité négative (il s’agit du phénomène de “japonisation des taux”).

Enfin, en plaçant son argent, on doit espérer des résultats à long terme. La plupart des placements ont pour objectif de sécuriser des revenus futurs et en aucun cas de s’enrichir rapidement. Même s’il est possible de faire le fameux “gros coup” ce n’est pas forcément quelque chose sur lequel il faut miser. 

Se construire une retraite supplémentaire

Les possibilités réservées aux freelances

Pour bien investir en freelance, encore plus qu’en salarié, il est nécessaire de bien comprendre la fiscalité (ou de se faire accompagner par un expert qui vous la rendre simple). 

Première chose à comprendre : il existe deux sources d’investissement :

  • Personnelle ;
  • Professionnelle (au nom de sa société) ;

Comment piloter ces deux sources possibles d’investissement ?

  • En micro-entreprise

Il est impossible en micro-entrepreneur d’utiliser le levier des frais professionnels (car nous sommes dans le cadre d’une déclaration forfaitaire des frais professionnels).

Les principales possibilités sont les mêmes que celles de tous les salariés et ne sont pas nombreuses : 

  • Contrat de retraite
  • L’immobilier
  • Epargne 

Pour chacune il existe plein de possibilités afin de faire coller ses projets court / moyen / long-terme avec ses choix d’investissement. Pour cela le mieux reste de se faire conseiller ! 

  • En Entrepreneur individuel, SARL, ou SAS

Si en statut de micro-entreprise, la simplicité prend le pas sur les possibilités, et qu’il n’y a pas grand chose à piloter et donc à optimiser, ce n’est pas le cas pour les statuts de société. Souvent on privilégie le statut micro-entrepreneur dès lors que les seuils de CA maximum ne sont pas atteints, alors qu’un statut de société peut parfois faire gagner / économiser plusieurs milliers d’euros par an.

Aucune solution ne s’impose de manière automatique et il convient de se faire accompagner pour trouver le meilleur statut pour sa situation et ses objectifs.

Conclusion

  1. S’y prendre le plus tôt possible
    Il faut penser à se retraite le plus tôt possible car après un certain âge c’est trop tard, et il sera obligatoire de devoir réduire son niveau de vie si rien n’a été fait pour se constituer un patrimoine.
  2. Varier les risques
    Il existe des possibilités classifiables selon le risque. Plus c’est risqué, plus la rentabilité potentielle est forte, et vice versa.
  3. Se faire conseiller pour choisir les bonnes solutions adaptées à ses objectifs.
    Il faut s’intéresser, en parler à des spécialistes : banquier ou conseiller en patrimoine, et challenger les idées des uns et des autres pour se construire sa propre idée car il n’y a pas de solution miracle qui vaille pour tout le monde.

Les intervenants

  • Philippe Bizet
    Conseiller en gestion de patrimoine chez AG2R. De nombreux indépendants lui font confiance pour structurer leur trésorerie, leur épargne, et leur création de patrimoine.
  • Adrien Costemale
    Membre d’un réseau d’indépendants, il conseille plus d’une cinquantaine de personnes de 20 à 70 ans sur leur problématique de création et gestion de patrimoine.

Face au succès de cette édition spéciale “investissement et argent”, une seconde est déjà en cours de préparation pour le début de l’année 2020 !